Gabriel Robichaud. Le souvenir de la côte

Photo : Jocelyne Vautour

Le souvenir
De la côte
Se sépare
Entre la rivière
Et le ruisseau
De l’enfance
Le souvenir
De la côte
Va et vient
Vague comme
L’origine de
L’expression
Boire de l’eau coco
Vague comme
La rivière interdite à la baignade
Les éperlans au mercure
Comme l’histoire
De la bataille
De la Restigouche
Du plus loin que je me souvienne
La côte
Si elle n’est pas magnétique
Se descend
La rivière
Le ruisseau
Sont en bas de la côte
Le dépanneur aussi
On monte au lac
Ce n’est pas une côte
On descend à la côte
On remonte à la maison
Le souvenir du bas de la côte
S’accompagne
De pintes de lait
De billets d’argents
Puis de change qui reste
Qui se transforme
en chips en bonbons en sourires d’enfant gâté
La côte remonte
Comme les rides
Comme la mémoire
D’une odeur
De vieille fumée
Collée au mur
La cigarette de la honte
Jamais bien loin
D’un rire nerveux
D’un sourire bienveillant
D’une étreinte recherchée
Avec le fumet
Du souper à venir

Le souvenir
De la côte
Devient vague
Devient flou
Le dépanneur inondé
Fermé
La maison vendue
Puis vendue encore
La terre
Le chemin qui mène au lac
Qui descend à la côte
Ne se remonte plus
Il devient
Le côte à côte
De l’histoire
À venir

 

Gabriel Robichaud
Texte publié dans le No.22 Libéré(e)s sur parole : la récidive

 

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