Nathan Rabalais. Acadies parallèles

15h- 16h
Sunset, Louisiane, ÉUA
J’ai choisi d’écrire mon poème au Pavillon Rémi-Rossignol à l’Université de Moncton. Ce bâtiment (et notamment son escalier en colimaçon) occupe une place mythique dans mon imagination depuis que j’ai regardé le documentaire L’Acadie, l’Acadie ? ! ? de Michel Brault et Pierre Perrault (1971). La scène que j’avais en tête est celle vers la fin du film où les étudiants s’allongement par terre en faisant de la résistance passive avant de finalement abandonner la grève lorsque les policiers arrivent. À Lafayette en Louisiane (ville jumelée avec Moncton), on n’a jamais fait ce genre de manifestation et pour moi ce film offre un regard dans une sorte d’univers parallèle.

Je vous ai vus
sur le sol, allongés
comme des cadavres
ou bien des sentinelles endormies.

Vaincus, mais pas tout à fait.

Je vous ai vus
lutter, résister.
Pick your battles
tant que vous en avez.

L’échec n’est pas une perte.

Je vous ai vus en noir et blanc
je vous ai vus dans un rêve trop réel
ou dans une réalité alternative
qui aurait pu être la nôtre.

Si seulement.

Février ’68, un chiffre qui évoque une spirale
upward, downward, peu importe
je veux suivre la forme de ce nautile
jusqu’au bout pour voir ce qui s’y cache.

Ne pas confondre l’inconnu avec l’impossible.

Je vous ai vus mettre le doigt
drette dans l’œil du monstre
au lieu de l’imiter,
vous, parents d’un univers parallèle.

Nés dans le froid.

Tout autour du moyeu
Hub City bizarro world
Hub City, jumelle noire
mais en plus blanche.

Chant du Cygne, Croix du Sud à l’envers.

Comme si on ne savait pas
que si on n’a pas de couilles
on n’a pas de langue
puis on n’a pas de voix.

Écoute les cris du passé et le futur te chuchotera.

Mais je ne veux pas me taire
comme un rossignol remis dans son nid
je veux chanter haut et fort
d’icitte à l’autre bord.

 

Nathan Rabalais
Texte publié dans le No 21. Acadie24

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