nigogue  // ai traîné cabane de temps sombre /dans le quartier où la baie / se doit à la mer // chienne de prusse séchée / le poêle grisaille jappait à blanc / comme trappe à whisky / tuyau grugeant / le silence papier taré / brassée par brassée //par le châssis de bois /l’horizon perforé / a rougi // Jonathan Roy / Caraquet
cabane /où l’alcool / attend les temps sombres  // la mer / chienne/ qui revient / déchaînée / dans l’esprit d'mon père // le bois  / le poêle / le whisky /le réduit au silence / comme souris neyées  / dans la trappe à martyre // sa conscience perforée /jappait / de doutes / de remords //espérant voir le chevreuil /de sa libération //   Joannie Thomas  / Grande-Anse
couleurs  // chiens de guerre chassés / brassés dans la marée rougie vive / d'une baie //cent et cent autres corps sous les bleus //de Prusse / d'horizon saoul // puis leurs restes papier blanc / bois gris châssis sec / cendre de poêle /suie de tuyau // silencieux souvenir charrié / dans toutes les chambres / noires du temps // Jean-François Caron  / Sainte-Béatrix, Qc
Espérant la mer. / Cabane des martyrs, cercueil des migrants : / océan calme, un mensonge.  // Temps sombre pour le remords réduit comme la conscience / dans l’alcool. // Attends le radeau du père : /l’exil. / Vois si les os tiennent. //  Si la vague revient /trente morts dans les mains / coupées de l’esprit. // Ouanessa Younsi  / Montréal, poème écrit à Port-au-Prince
Il jappe le chien / Que j’ai dressé dans ma poitrine La trappe s’ouvre     un cœur au silence concave Chasse chien blanche torpeur / Charrie tes saouls / De cabane en cabane De silence en horizon / De tares en hardes / Il brasse baie et gruge gris Longtemps après l’horizon / Bannissant l’écriture / Restera une raideur sèche / Comme le bois des chassis // Sonia Cotten  / Rouyn-Noranda, Qc
CHUT  / J’ai l’esprit trop sombre / j’ai l’esprit trop sobre // j’attends une mer à boire / et le goût du whisky //je ne suis pas martyre / je suis déchaînée / je ne suis pas une chienne / je jappe / d’être libérée / des bras de mon père / du silence réducteur / qui espère dans mon bas-ventre /perforé / du temps qui revient / toujours /me voir / pour me noyer // Caroline Bélisle  / Moncton
Partir / Voir l'esprit couler / Le flot d'une vague à boire / Le goût salé / Un silence libre / Banlieue de mer sobre // Au creux du bas-ventre / La fierté d'un père / Ne sombre pas / Ne se noie pas / Attends Comme les bras d'une mère // L'espoir ravivé / Prends le temps Parmi les chiens / De nager // Après les déchainements / Le retour Gabriel Robichaud  / Moncton
les temps sont sombres / flotte l’esprit au goût doux-amer / de nos errances / ma chienne n’avait nul besoin de bras / pour m’aimer / je n’entends que l’écho déchaîné /d’une autre réalité /qui revient en leitmotiv / toujours et encore / je me noie dans le silence de la mer / comme si espérer rimait avec liberté /comme si attendre avait encore un sens / Martine Jacquot / Grafton, NÉ
La mer est ma cabane / Bleues les vagues les larmes / L’alcool calme les mensonges / Sur le radeau de la mémoire // L’exil de mes os / Appelle la nuit /Le cercueil de mon père // Migrants de mes rêves / Je ne compte plus les morts / Je ne compte plus les alcools / Mon pays martyr océan // Conscience j’ai la main du remords //  Rodney Saint-Eloi  / Genève
Je rejoins la mer / Danse turquoise du corps  / Et la conscience du sombre // La nuit s’entend / Depuis les cabanes délabrées / Des attentes / L’alcool ambré / Coule du remords // Pousse les vagues / De l’esprit / A tenir les mains / De l’exil // Les os forment le radeau  / Et tous les trous   d’océan / Dans les veines // Diane Régimbald / Montréal, de retour de La Havane
Longtemps après l’écriture / L’horizon se dresse / Devant nos poitrines raides soûles // Nos chiens de chasse trappés / Grugent le gris des torpeurs / Le bois séché des châssis // Ainsi nous trouvons chez certains poètes / Cette volonté que plus personne ne parle / Après eux //Un moindre mal / Une lune de last call / Chavire dans le ballast // Michel X Côté  / Oka-Kanehsatake
De ma poitrine s’échappe un souffle / Comme une blanche torpeur Instigatrice de silences / De décennies d’halètements / Charriées par-delà un horizon / Lacéré de blancheur lumineuse // Silence // Le pas raide / Les jambes de bois / Je resterai tremblotante / Saoulée du bonheur de vivre / Dressée de stupeur / Surprise / Par un battement / Au cœur //Un chien hurle comme un loup / Afin de bannir le danger // Brigitte Harrison  / Moncton
le corps bleui / du silence // le souvenir / noirci de la marée la cendre rougie / d’horizon // tôt ou tard / parviennent // dans la chambre / claire du papier // et le corps gris  / des choses // et la suie sèche / du souvenir // tôt ou tard / seront blanchis // par la chambre / frêle du papier // Charles Sagalane  / Genève
regarde dans l’œil vif des éperviers / tout est là, tout y est / l’horizon s’y exalte de cent couleurs blanches // reprenons cette guerre de silence brûlant / bois sec / restants de corps bleuis //   visons encore le sud de nos souvenirs / ses marées d’autres temps ses chiens cuisant sous un soleil rouge // Rose Eliceiry  / Montréal
prusse charrié / en hardes raides / pour poêle lecteur /grugeur de papiers secs // chien sans whisky / ai blanchi corps morts / bois saoul  / sous mer grise / brassées d’avis tarés /chassés par le tuyau / sombrés dans l’horizon //jappeur de la baie / banni de cabane rougie / cent temps dans la trappe /  des châssis silencieux // Philippe Garon / Bonaventure
du 22 au 28 avril 2017 revue Ancrages         ancrages.ca L’événement Échos , variation poétique de la chaîne de lettres, dure 6 jours et implique 63 écrivain.e.s. Une première auteure ou un premier auteur écrit un texte de 50 mots et l’envoie à deux auteur.e.s qui reprennent la moitié des mots du texte précédent afin de créer un écho poétique. Ceux-ci, le jour suivant, le font chacun parvenir à deux auteur.e.s, et ainsi de suite, pendant 6 jours. conception et graphisme de la mise en page : Herménégilde Chiasson
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Boire pour / Oublier le goût de ta langue couleuvre / Resté pris au creux de ma bouche salée / Ne pas sentir / Le brasier dans mon bas-ventre / Qui s’étend / Comme des chiens de banlieue  / Retrouvant enfin leur liberté / Espérer le temps d’après / Attendre le retour du silence / Ne plus te voir partir //   Lisa L’Heureux  / Ottawa
Si sombrent les temps, / les cadavres flottent / si Jésus s'était noyé, il se serait réveillé saoul, à la surface de / l(')a( )mer / au bout des jours d'attente, / rien n's'est produit, / l'espoir n'était plus qu'un leitmotiv / La liberté aurait pu m'aimer, mais je la savais chienne / j'en aime la compagnie, mais pas la rhétorique / n'étant pas messie, je ne peux pas / qu'errer le temps sous silence des réalités; / je jette mon huile sur les braises : / que les échos se déchaînent. // Thibault Jacquot-Paratte  / Lentvaris, Lituanie
La liberté d'espérer encore / Invite la mer à rapporter l'écho des silences  apaisants / D'une enfance qui classait mon chien parmi les enfants de la famille. / Dans les champs de sarrasin nous errions / Sous le sillage des  bateaux fantômes / Flottant insouciants sur des cumulus ailés / Tirés par  des nymphes aux amours aigres-douces, / Nos esprits flottaient au bout de nos bras. //   Albert Belzile  / Edmundston
La vague est ta cabane / La fin de l’exil le flux / Ton pays mon pays la mer / Nettoie calmement les mensonges / Que comptent nos mains la nuit // Des larmes d’alcool au vent / Lavent la conscience de nos pères / Dans l’océan sans remord // Sur le radeau des rêves / Les morts comme les vivants  / Migrent autour d’un os bleu / Qu’on appelle Voie lactée // J’offre ce cercueil aux martyrs // Laure Morali  / Montréal
La mer alcool calme / ni mensonges ni vérité ni mémoire / un cercueil / une cabane / un radeau d’exil flotte parfois / un appel / un père / un rêve / un mort / des os brillant / dans la nuit / larmes des migrants martyrs / vaguelettes / un pays / qui ne compte plus / main bleue / de l’océan / sans remords // Sébastien Doubinsky  / Aarhus, Danemark
vois – du sombre d’os et d’océan / on se demande à quoi peuvent bien servir /   nos mains leur cri / à pousser à retenir ici ailleurs / une forme d’âme perdue dans une autre  / et la conscience la nuit de leurs vagues / nos veines d’ambre coulent / quelque chose / touche à sa fin – tout l’exil / l’entends-tu // Denise Desautels   / Montréal
De la concorde au silence / Je rejoins les cabanes de l’esprit // Les corps rouillent tranquillement / Depuis le midi de la fuite // Notre radeau sombre mais ne coule pas / Dans les trous de la conscience délabrée // Les attentes et les vagues poussent une brise / Inassouvie jamais formulée pour parler de nous // Hector Ruiz  / Montréal
Personne ne chasse longtemps / ses volontés dressées. // Ce qui gruge le bois / gris de nos poitrines. // Une torpeur infinie se trappe / dans nos dernières raideurs. // Comme tous les chiens séchés / parlent du mal à l’appel / de la moindre lune. // L’écriture des poètes se trouve / encore dans l’horizon. // Sébastien Auger  / Mont-Laurier, Qc
La lune chavirée // Après la torpeur / La poète soûle / Ne trouve plus / La moindre espérance / La lune chavire à l’horizon / Devant le châssis de bois gris / Longtemps elle demeure / Raidie de froid / Sans volonté d’écrire / Ni de parler à / Certains dieux / Ce soir / Personne n’amènera / Les chiens chasser / Dans la forêt de Ballast // Christine Sioui Wawanoloath  / Odanak
Il hurle / Essoufflé de bonheur / Démantèle son cœur / Par battement // Elle / Poitrine dressée / Souffle décuplé / Par-delà en torpeur // Lumineuse blancheur / Décennies à l'horizon // Un pas / Charrier la chaise en bois // Son halètement timide / Il serre d'une stupeur tendre / Le mamelon tremblotant / Afin d'échapper au monde / S'abreuver en silence // Lou Poirier  / Moncton
Les mots cent pas / charriés comme on voudrait // Ils transportent toujours / un peu de silence et d’horizon / de torpeur et de danger // Entre chien et loup / chaque battement / devient halètement // Dans la rôtisserie instigatrice du sens / une jambe de bois / s’enflamme / lumineuse // Le cœur s’échappe / dans le souffle du bonheur //  Daniel H. Dugas  / Miami / Moncton
Nous sommes  // nous sommes nombreux / à tenir le monde debout / à mêler nos voix à la réalité // rouge blanche grise noire ou bleue / la chambre frêle des souvenirs / protège le silence et l’horizon // tôt ou tard les cendres les marées / parviendront à la clarté des choses / jusqu’à devenir un corps de papier // Michel Pleau  / Québec
Le corps meuble silence // souvenir fourbu des marées // la cendre aboie / d’horizon // tôt ou tard // carabines claires // la chambre fâche / ses papiers peints // et le grand gris / les choses… // or la suie sèche / fiction vivante // arme ou désarme / une racine // jeté au feu / le plomb de l'aile retourne au vert. // Thierry Dimanche  / Sudbury, Ont.
les cornes du matin / ameutent les chiens du soleil / l’odeur de bois mouillé / accentue la puissance des souvenirs // ce sont des restants bleuis / comme les doigts du ciel / qui se perdent entre ici et ailleurs // mais j’ai dans l’œil cent horizons / et je souris juste là / devant le vif de la couleur des arbres // Virginie Beauregard D.  / Montréal
dans l’œil éteint du soir / tout est là / regarde / l’horizon qui bave / cent douleurs orange / et les chameaux / de silence rauque / de bois de sexe qui restent / en marge des corps / de papillons bleus / poilus encore / vers le nord de nos souvenirs / de cette guerre / jusqu’au crépuscule / du ketchup / et des marées montantes / d’abeilles luisantes / comme des restants aveugles /   d’émeraudes // Daniel Leblanc-Poirier / Campbellton
Nous étions des dieux  // Embrasser les étoiles / Boire à la Voie Lactée / Colliers flottants / Pris en vaguelettes / Fossettes creusant / Nos visages souriants // Cœurs en attente / Goûtant silencieux / L’astral déchaînement / Tien coulant Yin  / Mien assombri Yang // Auparavant... // L’Amour vira / Œillères ôtées / Désespoir / Déracinement / Rêves-néants // Cœurs partis en errance / Souvenirs restants en brassard // Hermine Yollo  / Yaoundé, Cameroun
Le petit virage  //  Je t’attends / Devant le petit désespoir / Jardin anéanti / Bassin déchainé  / Qui coule après le virage / À droite, trop / Les cygnes au long cou / Flottent par vagues / Toi aussi / Prise en pleine face / Souris / Le goût déracinant / Embrasser les chaînes / Le cerveau sombre / Les yeux flottent / La pupille, une bouée orange / Boire / Me taire / Cassandre, casse- toi. // Olivia Csiky Trnka  / Paris
Et si?  // Au réveil / Jésus et sa chienne / M'achalent. // Ils auraient pu / Être ma compagnie mais / Rhétorique de lampe à huile / Rien à cirer // J'erre en toute / Liberté parmi / Les braises du temps / Les cadavres sombres / Les catastrophes // Flottent contre les vitres / Les noyés saouls / De rêves amers // Silence écho / Le Manitoba / Ne répond plus //   Henri Paratte  / Grafton, NÉ
et enfin / essouffler le brasier / suie d’espoirs étendue en bouche / après repar- tir / comme chien bègue et titubant / le silence cloué dans les poches / ces désirs encouleuvrés au creux du ventre / ne plus attendre / décadenasser la langue / jappements et cris en crue / gargantuesque grogne / geyser psychique / tempête du non-retour // Antoine Côté Legault  / Gatineau
Chiennes de banlieue qui oublient leurs rouges à lèvres / croquent leur langue pour se faire une bouche pulpeuse / Le temps d’attendre le dernier shot / Bu à contre espoir au lieu de partir / À bas la liberté / Elles s’étendent sur le ventre / Se laissent creuser comme un gouffre / Retrouvant le silence // Miriam Cusson / Sudbury, Ont.
un jour de sombres noyades  // brasier / au bord de la mer, cap de l’espoir / les flammes déchainées, aiment / un temps / et moi, errante, / saoule d’une liberté toute particulière / le silence brisé / par seul le reflux, leitmotiv, refrain, rien / et l’écho des jappements d’une chienne en chaleur // au réveil, / l’aube produit une lueur / le messie // me voilà. // remise à flot. // Rachel Bonbon  / Cap-de-Shédiac
mon corps en jachère / trouve peu à rapporter / du sol du ciel / si peu à tirer / de mon esprit en friche / par-delà les sillages de silence / mon fantôme flotte /  insouciant encore / au bout de la mer-terre / échos d’errances / semant houle vent sel / désirs ailés / dans le champ fauve de l’espoir //   Lise Gaboury-Diallo / Winnipeg
Brûlure  // Nymphe / bras ouverts ailes vaporeuses / vouloir apaiser / mon flottement quotidien d’un spiritisme / familier / je suis les échos / parmi mes sillons anciens / je tire / un souffle libre // aimer mon errance / encore / toujours rechercher / la trace fantomatique / du silence // mer brûlante / chaos enfantin / j’y bouterai tisons d’espoir / pour que songe champêtre / l’insouciance //   Sarah-Jeanne Bélec / Edmonton, Alb.
le pays calmement lave les morts / la première vague / soulage du bleu / an- nonce la fin / il suffit de racler la gorge des vivants / pour mentir au vent / le fond de l’océan est un cercueil immense / voie maritime / unique chemin de nuit / son flux douleur  / se fond dans la mer / mon père inconscient chante sa beauté / autour des récifs indomptés / les migrants reposent //  Violaine Forest / Montréal
Sur ton visage blême / Une mer d’exil peu à peu se détache /Tes larmes bleues     un radeau sans appel / Mourant d’avoir traversé trop de / paysages sans rêves // Une ordonnance des dépits / Flotte entre remords et océan des martyrs / La nuit brille sans père à décompter / Seuls les morts n’ont pas de souvenirs //   Laurent Maindon  / Ste-Luce-sur-Loire, France
des larmes, du brillant dans les yeux, ces vaguelettes migrantes: / une mer calme de mensonges les appelle / un radeau flotte parfois dans cette mer, et, sans remords / exile vers la cabane de mon père / mes rêves et mémoires / construits d'os martyrs lors d'une nuit bleue // Mais quelle main les compte? //   Alodie Larochelle   / Edmonton, Alb.
exil à bout portant / mains offertes à l'usure océane /         flux bleu   /                    aux vents salés de larmes / quand la mémoire des pères /          calmement / jette un fin sac d’étoiles  Voie Lactée /    morts & remords se confondent  /  alcool d’occasion   / nos vifs cercueils de mensonges / ne se vident pas de leurs os / & la mer emporte nos rêves // vague radeau // Pierre Soletti  / Merville, France
j'entends et je touche / oui, je touche le si sombre / de la nuit / ce cri retenu dans nos mains / veines ouvertes, minuscules / vagues perdues ici ou ailleurs // il est sans fin l'exil / sans fin notre demande / d'amour / qui ne sert à rien / sinon à la conscience brutale / de notre disparition // Louise Dupré  / Montréal
Vol assombri d’un cri sur l’océan / mains dans les nuages leur reflet sur les vagues / autre rêve perdu /ailleurs la fin des entendements /retenir, pousser, demander, toucher, servir, l’âme en peine /pierre ambrée qu’on voit descendre / les veines arborescentes /la conscience d’une nuit / sombrer dans un tout /l’exil au fond / Herménégilde Chiasson  / Grand Barachois, NB
Leurs voix sont mouillées / quand ils parlent tranquillement nous rouillons / corps et conscience comme des Concorde // nous ne voulons plus nous  encabaner / ou attendre le MC / mais assouvir les vagues des désirs qui poussent nos radeaux / vers les trous lumineux // nos cœurs encore ivres / de fuites / nous lançons des appels. // François Rioux  / Montréal
notre conscience pousse / comme les trous de balles / qui s’accumulent au fond / de la cabane // les vagues rouillent tranquillement / nos corps délabrés / attendent mais / se rejoignent / attendent mais / s’accordent / à la brise sur la toundra // je prononce une formule magique / silence silence silence / nous parlerons une dernière fois aux esprits // Dominic Marcil  / Granby, Qc
Ma volonté / un chien trappé / dans les bois du poème // longtemps sa tor- peur / son appel de lune / l’a grugé // il devient raide / se grisaille // l’infini de l’horizon / s’assèche dans sa poitrine // personne n’a encore trouvé / l’écriture qui l’a chassé / un moindre mal. // Hugo Beauchemin-Lachapelle  / Longueuil, Qc
Dernières heures / torpeur des sens / ton regard gris / tu bois / encore / longtemps // Dans ce bouge / des poètes / parlent / de la lune / et du cul / de la serveuse / mais personne / ne trouve / ce qui persiste / derrière  l’horizon / de tes absences // Comme une infinie / tristesse / tes remembrances / le souvenir / de quoi ? // Samantha Barendson  / Lyon
Tu choisis / La forêt. // Tu vois le froid / tu choisis de ne pas parler. //  L'espérance de l'autre te saoule / un horizon chien tu choisis. // Avant que l'espoir fleurisse / souvent il doit hurler / mordre ou brûler. // Mais toi tu choisis / la réciprocité du gris. / Une écriture à sens unique. // Tu anticipes la vitesse / tu la fabriques. / Imaginant là un nid contre la torpeur. // Mais le soir / la nuit te mange. //   Marc LeMyre / Toronto
Désirs givrés // Au châssis du froid, / Des cristaux chavirés / chassent la torpeur. /   Les dieux des lieux parlent. / Des personnages / ravissent nos cœurs. / Le chien se prélasse. / Aataentsic, / aux reflets du feu, / salue l’esprit joyeux. / Au fin tango du vent, / la forêt gigue sur le ventre / du Niowentio, / joins tes mains / vers demain. //   Sylvie-Anne Sioui Trudel  / Niowentsio
la maison endormie respire à petit feu / timide lueur orange et paupières lumineuses / enlacent le parquet s’échappent du monde / la chaise renversée tremble encore / démantèle sa torpeur / le silence s’abreuve à l’écho du poêle à bois / se répercute sur les murs // charrié de blancheur l’horizon se dresse / par-delà les battements / souffle sur les braises en suspens / décuplées par le / brasier de ta présence / haleter hurler à nouveau / pour que tout s’embrase // Dominic Langlois  / Moncton
Paria  // Serrer la poitrine // Tel un monde / Catastrophé / Abreuvé d’insolences / Dressé dans la luminescence / Des horizons pantelants // Souffle / Blanc / Torpeur décuplée / Par-delà / Le torpillage du Khukri // Mamelles envoûtantes / Dressage des cœurs démantelés / Hurlements oisifs / Halètement timide / Des chars d’assaut / D’où s’échappe la stupeur / L’écho du vide / La charia du silence //   Sébömatik  / Sydney, NÉ
Nos pas transportent / Leur lumière / Vacillante // Haletante / La ligne d’horizon / Soudain / Trace le silence // Un battement / Un souffle / L’idée du bonheur / Comme une flamme // Le danger / Les chiens / Les loups / Tout prend son terrible sens // Nous sommes le cœur du monde / Fragiles / Comme un bas de soie // Marie-Claire Dugas  / Montréal
Nos pas transportent / Leur lumière / Vacillante // Haletante / La ligne Chaines // Cent ans de peine à l’horizon, / Lumineuse prison de bois. // En silence, / Ils y transportent mes lendemains. // Où s’endort mon bonheur / Entre halètements,   / battements, chiens et loups. / Hommes, femmes, inconnus aux visages si familiers. // La torpeur qui s’échappe de mon cœur, /Devient instigatrice du peu de sens dans mes mots. // Malaïka Ogandaga  / Edmonton, Alb.
Dans la chambre / un souvenir t’effleure / frêle comme un silence // il se tient debout / mêlant ses cendres à la réalité // tu protèges ce qu’il pourrait devenir / si tu laissais ton corps / se mêler aux marées // dans l’horizon /  ta voix se glisse / contre / le bleu / et froisse / la clarté du monde // Lyne Richard  / Québec
Devenir  // sur le papier de nos corps brulés / s’entremêlent des voix bleues // souvenirs de pluies grises / frêles silences à l’horizon // dans la chambre noire de la nuit / la voix du devenir resurgit // comme depuis des cendres / se dresse le Phénix    // la parole de la marée rouge / du monde se déferle // Pierrette Requier  / Edmonton, Alb.
papier : le terreau meuble des souvenirs, les cendres à chérir, les étés jetés contre le vent, suie d’or, poids plume, lest de rien du tout // plomb : les racines obtuses d’une histoire de chasse ou encore l’aile armée, la carabine verte et ses fictions, pendus fourbus, corps compas pointant le sol // Chloé LaDuchesse  / Sudbury
Le grand corps est vivant, on ne sait pas / comment il fait, dans quel meuble vert / la racine du silence continue d’émettre / on voudrait bien lire ses pensées fraîches / déménager dans ses chambres sans choses / ou papier peint, sans horizon que le feu / gris d’un œil qui ne sait pas qu’il rend vie. // Vincent Lambert  / Saint-Philémon, Qc
mes mains sont à l’épreuve du feu  // je veux juste ne plus parler / entrer dans un arbre entrer dans tes yeux / entrer dans le soleil entrer entre tes doigts et rester là / à me perdre ici sur tes épaules et rester sur tes épaules / et mourir à vif cent fois revenir cent fois / pour nourrir le chien pour dormir un peu //   Jean-Christophe Réhel  / Repentigny, Qc
Les arbres rouge-gorgent / Dans ton œil vif // J’y dépose // des membres gorgés / deux chiens en bois / un sexe bleu et coincé / une claque équestre / sur des terres en feux // langues mûres / et bouches de pommes / se perdent dans le craquement / des feuilles de nos cheveux // et le ciel se doigte / sur nos soleils odorants // Mathieu Renaud  / Montréal
cent hommes s’enfargeront / vers la marée silencieuse / à l’émeraude de ton sexe / toujours en marge d’aveugles souvenirs // le corps de cette guerre / jusqu’à l’horizon         regarde / tout est là // comme de rauques douleurs / encore luisantes au bout des doigts / je baverai le crépuscule / dans la mire d’une marquise / sans jamais te faire violence // Linakim Champagne  / Montréal
on éteint encore l’horizon / le recouvre de corps silencieux / qui reposent en douleur/ les odeurs y sont spéciales / tulipe terre déchets printemps / qui se déprend // un faux œil de bois regarde cette guerre / tout est souvenir /  surtout le sexe en soirée / là / sous des cris rauques / comme une bouteille de ketchup //   Philippe Chagnon  / Montréal
Attends / Embrasse encore moi là / Toi là / Avant de partir / Attends // Bois moi / Toi là / Reste au creux de mon cou / Au virage de la vague / Je sombre // Je coule à la crête / Flotte dans tes bras / Déchaînée déracinée désâlée / Anéantie / Désespérée // Prends / Goûte / Un peu de silence / Entre tes yeux / mon sourire // Soleïma Arabi  / Paris